I | 2 4 |
Puisque j'ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine ; Puisque j'ai dans tes mains posé mon front pâli ; Puisque j'ai respiré parfois la douce haleine De ton âme, parfum dans l'ombre enseveli ; | |
II | 6 8 |
Puisqu'il me fut donné de t'entendre me dire Les mots où se répand le cœur mystérieux ; Puisque j'ai vu pleurer, puisque j'ai vu sourire Ta bouche sur ma bouche et tes yeux sur mes yeux ; | |
III | 10 12 |
Puisque j'ai vu briller sur ma tête ravie Un rayon de ton astre, hélas ! voilé toujours ; Puisque j'ai vu tomber dans l'onde de ma vie Une feuille de rose arrachée à tes jours ; | |
IV | 14 16 |
Je puis maintenant dire aux rapides années : - Passez ! passez toujours ! je n'ai plus à vieillir ! Allez-vous en avec vos fleurs toutes fanées ; J'ai dans l'âme une fleur que nul ne peut cueillir ! | |
IV | 18 20 |
Votre aile en le heurtant ne fera rien répandre Du vase où je m'abreuve et que j'ai bien rempli. Mon âme a plus de feu que vous n'avez de cendre ! Mon cœur a plus d'amour que vous n'avez d'oubli ! | |
Janvier 18... [1er janvier 1835. Minuit et demi.] | |||
(Bruxelles : Méline, Cans et Cie, 1842;
Gallica)
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